Pourquoi sommes-nous si méchant ?
Le décès inopiné du premier AGC a plongé le RHDP, parti au pouvoir dans une tourmente perceptible. Le candidat désigné pour la joute électorale d’octobre 2020 nous a quitté alors qu’aucun plan de substitution n’avait de toute évidence pas été envisagé. On pourrait se dire que sous nos cieux, les plans B sont porteurs de mauvais présages et qu’il ne faut surtout pas s’en encombrer.
Nous assistons donc depuis quelques jours, à une valse d’élus, cadres, militants, têtes couronnées et autres opportunistes dans les médias et sur les réseaux sociaux, suppliant le PRADO de se présenter pour un hypothétique troisième mandat. Toutes les voix discordantes sont réputées être celles d’opposants qui ne veulent point le bien de la majorité au pouvoir. Je veux déjà mettre à l’aise mes détracteurs, je ne suis point opposant. Je n’ai pas honte de le dire quoique je ne sois pas entièrement fier du bilan du Président, je l’ai soutenu en 2010 et en 2015, mais je ne souhaite pas qu’il se porte candidat pour 2020. Je ne suis pas opposant, je ne suis pas non plus militant puisque je n’ai pas de carte de membre du parti. J’entends souvent certains militants dire que seuls les militants ont droit à la parole pour ce qui concerne la vie du parti. Soit, mais qu’ils n’oublient pas que les sympathisants sont de loin plus nombreux que les militants dans les effectifs ayant porté le PRADO au pouvoir à deux reprises. Qu’ils tiennent également pour dit qu’une campagne n’est pas destinée à convaincre des militants mais plutôt à susciter des sympathisants.
J’ai suivi le PRADO à l’époque pour des valeurs que l’homme laissait percevoir, en mars 2020, il a encore eu l’opportunité de convoquer une des valeurs chères à cœur, à savoir celle du respect des engagements. Il a dit devant le monde entier qu’il n’avait aucunement l’intention de se présenter pour un troisième round. Il a rappelé qu’il tenait à la transmission démocratique du pouvoir et qu’il avait surtout l’intention de passer le pouvoir à une nouvelle génération. Je ne ferai pas l’insulte aux cadres du parti de croire que la nouvelle génération dont le PRADO parlait se limitait malheureusement au seul parmi eux qu’il a plus à Dieu de rappeler avant son couronnement. Le PRADO a donné sa parole et il l’a fait de manière sincère.
Alors pourquoi sommes-nous si méchant au point de demander à un homme qui a passé toute sa vie à se bâtir une réputation d’homme de principes tant au niveau national qu’international, de se dédire au soir de sa carrière politique. Qu’a-t-il bien pus nous faire au point où nous souhaitions le voir fouler au pied ses principes, ses valeurs. Pourquoi demander à un homme qui passé sa vie parmi les grands de ce monde, de rejoindre après tout ce qu’il à bien pu donner à son pays, le cercle des hommes politiques qui s’accrochent au pouvoir en foulant au pied les principes qui ont suscité des sympathies pour sa cause. Non le PRADO ne mérite assurément pas que nous le mettions au pied du mur en lui disant que s’il n’écoute pas la voix du « peuple ?? », il trahi la Côte d’Ivoire. Non aucun père n’a envie au soir de sa vie de s’apercevoir qu’il n’a aucun héritier capable de faire mieux que lui et de devoir prier Dieu de lui accorder un sursis afin de préparer une relève. Honte à celui qui ne fait pas mieux que son père dit l’adage populaire. On pourrait paraphraser en disant qu’il est triste le père qui s’aperçoit soudain qu’il n’a aucun enfant qui puisse faire mieux que lui.
Non le PRADO ne mérite pas cette pression éhontée qui lui est faite en ce moment. Il mérite le repos qu’il a demandé en mars 2020. Et je n’ai aucun doute sur le respect de sa parole, lorsqu’il recevra le RHDP dans quelques jours pour donner sa réponse, il nous donnera encore une raison d’espérer. Il va assurément décliner les trop nombreuses sollicitations et désigner un de ses fils qu’il va aider dans un ultime effort politique, à tenir ferme les rênes du parti et peut-être du pays à l’issue de la prochaine joute électorale. Le PRADO a fait son temps, puisse Dieu nous donner de demeurer content de lui.
Abidjan, le 27 juillet 2020
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