L’âme du poète

Le poète est corps et esprit, l’esclave soumis d’une âme singulière
Pétillant et parfait exutoire céleste toujours au taquet pour l’Azur
Canal divin transgressant la Loi et murmurant à l’oreille mortelle
Preux et fidèle courtisan se délectant à goulot de charmes indicibles

J’exulte ultime pécheur sur la croupe exquise d’une muse offerte
Je répète en chœur à fredon ses mots débités quand s’altère sa libido
Me voilà poète et je brandi, érectile, ma plume raide et sous emprise
Je me sais bel esthète et je cisèle des émotions tel un maitre orfèvre

Le poète est un docile serviteur qui s’épanche souvent en luxure
Quand survient savoureux le spasme qui le fusionne à la divine source
Ses sens poreux et parés s’alignent sur l’univers et sa sagesse infinie
Et la plume entre ses doigts transis, griffonne des notes inspirées

Mon âme divine portion se délecte sans pudeur de faveurs séraphines
Et sa flamme qui survit à la valse des résurrections, guère ne s’étiole
Quand elle investit au vagissement mon corps et mon être pour logis
Je perçois pour une vie les charmes immortels de sa fidèle amante

Le poète est un courageux chevalier qui s’élève sur les ailes de sa muse
Quand elle lui jette son dévolu, ses mots s’égrènent purs et sans taches
Et la mélodie qui émane de ses vers, siffle comme un cantique céleste
Quand elle se rebelle et résiste, les notes sonnent fades et sans saveurs

Je suis poète et sans orgueil ni prétention, je me sais instrument du ciel
Je tiens le calame et l’abandonne au sort pour tracer quelques notes
Puis, je sors de ma léthargie et je découvre pantois mes mots et mélodies
Je clame avec force et fierté, mes vers ne sont pas de moi, ils sont de nous

Rémi Diarrassouba
Abidjan, le 17 août 2021