Korhogo
Sur le flanc méridional de ton mont rocailleux, à l’heure crépusculaire où les djinns s’éveillent,
J’ai rencontré ma muse, céleste compagne, qui depuis lors, demeure sous emprise et m’inspire
Pour cette belle sybille, j’ai trempé ma plume ardente dans l’encre bleue de l’adolescence
Korhogo, je ressasse ton escale de trois saisons sur mon parcours du Septentrion vers le Midi
Je revois le lycée, vaste et sanctuarisé pour instruire la crème des contrées de la savane
Je traverse les ruisseaux de Téguéré sous tes bois sauvages, les manguiers et les anacardiers
Je me revisite studieux entre la bibliothèque muette et l’ambiance colorée des salles de classe
Korhogo, nostalgie de ces années sous ton ciel où j’ai rencontré Césaire, Senghor et Baudelaire
Sur les planches austères de l’Alliance, j’ai porté la déclame et traduit quelques actes en scène
A l’ombre de tes flamboyants, j’ai perçu des subtilités de la prose, et reçu le vers en offrande
A la lisière de ton rocher, j’ai glané par le calame, quelques titres qui m’ont rendu le verbe altier
Korhogo, entre tes murs, j’ai gagné par la fougue disculpe, le droit d’exiger davantage du sort
Souviens-toi Korhogo, la belle saison pubertaire des amours inavouées, qui contentent l’âme
Souviens-toi les récitals des poètes en herbe, reprenant le combat suranné de la négritude
Souviens-toi donc les vers roses, qui fleurent bon les passions juvéniles, étiolées par les âges
Korhogo, j’ai conservé tes outils, dévoré tes livres, marqué mes classes et fourbi mes armes
Dépositaire pluri-centenaire des mots et signes du Poro de mes aïeux, tu scintilles d’humilité
Entre le carquois de l’initié et les ondes d’un monde au galop, tu demeures point de jonction
Je traverse tes rues transmutées, quand je pars du Midi au Septentrion, en longeant Kasséré
Korhogo, Porte ou Héritage, tu auras confié à mon âme les secrets d’un univers de possibilités
Rémi Diarrassouba
Abidjan, le 09 mars 2021
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